Les personnes timides prennent moins souvent la parole que les autres, sourient moins, regardent moins dans les yeux, mettent plus longtemps à répondre ou à relancer la conversation; les temps de silence sont plus fréquents dans leurs discours. Leur registre de mimiques et d'expressions est moins riche.
La vie sentimentale, sociale et professionnelle des timides est marquée par les occasions perdues et aboutit souvent à la solitude.
A force de ne rien laisser passer de leurs émotions, de leurs idées personnelles, comment les timides pourraient-ils découvrir ce qu'ils tiennent si fortement caché? Pensant que "de toutes les façons les autres n'ont pas de temps à perdre à écouter leurs histoires", il leur semble plus naturel de faire partie de ceux qui écoutent que de ceux qu'on écoute.
Personne ne peut se sentir bien s'il est confronté à un sentiment d'inexistence; il n'y trouve que solitude et un profond désarroi. Dans cette méconnaissance de lui-même, dans cette non-réalisation, il est plus que jamais la proie du désir d'autrui: il n'existe plus que dans le regard des autres, seuls capables alors de lui donner vie. Il serait préférable que nous laissions s'exprimer davantage nos sentiments et nos pensées, parce qu'en les disant nous pouvons mieux les connaître, et qu'ainsi nous donnons la chance aux autres de nous reconnaître pour ce que nous sommes.
Parler, c'est prendre un risque. Risque d'être désapprouvé, d'entrer en conflit, de montrer ses faiblesses. Pire, d'être blessé. Mais parler, c'est aussi et surtout une chance: de dialoguer, d'approfondir la relation avec l'autre, de se montrer tel qu'on est... et même d'être apprécié!